Le soleil tappait fort sur le sol de la planète, fait entièrement de bitume. Un petit vent chaud faisait bouger au ralenti les branches de quelques arbres tandis que résonnaient dans le ciel clair et sans nuage, milles chants d'oiseaux exotiques. Ombre de discrétion et d'agilité, Poudre d'Or, solitaire au coeur de pierre, se glisse entre les formes matérielles qui hantent les rues pour rejoindre la vieille cabane abandonnée, cherchant désespérément un coin d'ombre où s'abriter des rayon brulants. C'était une journée pareille à toutes les autres, rien ne venait troubler les pensées noires et monotones qui traversaient l'esprit agité et meurtri de Poudre d'Or.
A chaque seconde, chaque minute, chaque pas lent et bien rythmé, la solitaire au pelage blanc songeait à une mannière lente et douloureuse de décimer le clan de la Foudre, mais elle ne pourrait le faire seule, celà ne servirait à rien à part courir à sa perte. Etoile de l'Aube n'était pas féline à se laisser assassiner sans combattre de toutes ses forces. Où Poudre d'Or trouverait elle des alliés dignes de confiance et prêts à tout pour détruire ce clan monarchiste et malaimables ? C'était rare en ces jours d'été où les clans se soudaient pour survivre à la sécheresse...
Sans s'en appercevoir, elle arriva bien vite sur le seuil de la petite cabane de bois. Le bois, quel imbéciles ces humains d'avoir décimés les arbres pour faire des habitations. Celles-ci étaient si fragiles et si peu isolées qu'y survivre devait être un véritable exploit. Les fenêtres étaient en verre mais la poussière et le pollen s'y étaient tellement bien déposée que la surface en était devenue opaque. La porte, en bois également, était restée entrouverte et une douce odeur de rongeurs s'échappait du petit espace. Méfiante bien qu'affamée, Poudre d'Or huma l'air avant de poser une patte après l'autre dans le hameau délabré.
La féline se retrouva dans une pièce obscure et fraiche, là où personne n'avait dû poser les pattes depuis un bon moment. Quelques meubles, ic et là, prouvaient qu'autrefois, la race humaine avait tenté de s'établir dans cet espace confin et désagréable. Le vent s'engouffrait à intervalles réguliers dans la cabane, raffraichissant l'air qui y flottait et comme le soleil ne pouvait y pénétrer, il faisait frais, et c'était plutot agréable après avoir marché plusieurs heures sous le cercle de feu et ses rayons ultra-violets. Soudain, une odeur de rongeur plus ténue que les autres passa a portée de narines.
Ramassée sur elle même, Poudre d'Or avait fermé les yeux pour repérer sa proie avec pour seuls atouts un bon odorat et une bonne ouïe, le tout, accroché à un instinct naturel surdéveloppé dans l'art de la chasse de mulots ou rats en tous genres. Ses sens, pareils à des sonarts accrochèrent les ondes émises par un petit mulot, et la solitaire rouvrit les yeux. La petite bestiole était cachée derrière le canapé, inconscient du danger qu'il courait en ce moment même, traqué par le plus dangereux animal de la planete bleue... La solitaire inspira puis retint sa respiration, prit son élan, et sauta.
Le gout du sang chaud dans sa gueule fit frémir de contentement Poudre d'Or. Elle qui cherchait de la nourriture depuis trois jours, le mulot était presque tombé entre ses griffes comme un ancêtre tomberait de la Toison Argenté ! Le gout était si bon et raffiné que Poudre d'Or se permit d'émettre un ronronnement. Visiblement, c'était un ronronnement de trop. Un bruit de griffes retentit sur la surface de bois du peron, un autre chat allait pénétrer dans la pièce ! Ni une ni deux, la solitaire se trouvait déjà sur le haut des étagères, prête a bondir sur l'intrus qui osait la déranger en plein repas...
